Un article écrit par Radio-Canada

Ludmilla Chiriaeff, pionnière de la danse classique au Canada

Arts > Arts de la scène

Ludmilla Chiriaeff, pionnière de la danse classique au Québec, est née le 10 janvier 1924.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Ludmilla Chiriaeff, pionnière de la danse classique au Québec, est née le 10 janvier 1924.

Le 10 janvier 1924 naissait la danseuse et chorégraphe Ludmilla Chiriaeff. Son arrivée au Canada en 1952 et sa persévérance ont permis le développement de la danse classique au Canada.

Les Ballets Chiriaeff

En 1952, Ludmilla Chiriaeff, fille de réfugiés russes exilés en Allemagne, a quitté la Suisse, où elle travaillait comme danseuse et chorégraphe.

Elle s’est établie au Canada.

C’est ce que rappelait le journaliste Paul Toutant dans un reportage biographique présenté au Téléjournal le jour de son décès, le 22 septembre 1996.

Ludmilla Chiriaeff cherchait depuis quelque temps déjà à abandonner le continent européen pour s’installer en Amérique.

Le premier pays outre-Atlantique à lui souhaiter la bienvenue en tant qu’artiste a été le Canada.

Ludmilla Chiriaeff n’a pas hésité à venir s’établir à Montréal.

Sa présence et sa détermination ont permis au ballet classique de se développer et de bien s'implanter au pays.

Ludmilla Chiriaeff racontait à la journaliste Michelle Tisseyre, dans une entrevue diffusée à l’émission Aujourd’hui le 8 mars 1968, qu’à son arrivée à Montréal, la danse classique n’existait tout simplement pas.

Elle a dû développer à la fois l’enseignement, la pratique et le rayonnement de cet art.

Mais Ludmilla Chiriaeff a profité d’un hasard exceptionnel.

En 1952, la télévision de Radio-Canada a vu le jour.

La toute nouvelle télévision publique a alors demandé à Ludmilla Chiriaeff de produire des ballets mensuels pour sa programmation, notamment pour l’émission L’Heure du concert.

Cette commande a donné l’impulsion à la création des Ballets Chiriaeff en 1952.

En 1957-1958, Ludmilla Chiriaeff a élargi le spectre d’activités de sa compagnie. Elle a fondé Les Grands Ballets canadiens de Montréal.

Dans cette entreprise, Ludmilla Chiriaeff était assistée par le danseur et chorégraphe Fernand Nault, de retour à Montréal en 1965 après un séjour de 21 ans auprès de lAmerican Ballet Theater de New York.

Les Grands Ballets canadiens n'ont pas tardé à acquérir une réputation hors des frontières du Canada.

Chiriaeff a développé la danse classique au masculin

Le Québécois, le Canadien français, danse! Il est un danseur naturel et vous n’avez qu’à regarder partout autour de nous.

Ludmilla Chiriaeff, 1970

Ludmilla Chiriaeff l’a dit plusieurs fois, notamment à la journaliste France Nadeau, dans cet extrait d’entrevue diffusée à l’émission Femme d’aujourd’hui, le 20 avril 1970.

L’homme québécois, le Canadien français, était selon elle un danseur-né.

Il fallait juste le détacher des nombreux tabous face au corps qui entravaient son mouvement et laisser le talent s’exprimer.

Ludmilla Chiriaeff a rappelé un fait historique.

Au 17e siècle, à la cour de France, comme ailleurs, ce sont des hommes travestis qui jouaient les rôles féminins dans les ballets.

Si les danseuses féminines dominaient le ballet durant la période romantique, les hommes sont revenus sur le devant de la scène au 20e siècle avec des danseurs étoiles comme Rudolf Noureev.

Ludmilla Chiriaeff a raconté comment elle s’y est prise pour développer la danse classique masculine au Québec.

Au Lac noir (maintenant Thetford Mines), elle a notamment convaincu les autorités religieuses d’un orphelinat de créer des classes de ballet pour les 140 garçons qui y vivaient.

En 1970, a-t-elle confié, de jeunes hommes l'ont contactée pour savoir s’ils pouvaient encore à leur âge espérer devenir des danseurs professionnels.

Ludmilla Chiriaeff a créé, dans ce contexte, des classes pour les jeunes garçons, les adolescents et les jeunes hommes, dont certains ont rejoint Les Grands Ballets canadiens.

Un legs important

En 1966, Ludmilla Chiriaeff a fondé l’École de danse supérieure.

C’était le premier établissement entièrement voué à la formation professionnelle de danseurs au Québec.

En 1980, Les Grands Ballets canadiens et l’École de danse supérieure sont venus habiter sous le même toit dans la Maison de la danse du Québec, située dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal de Montréal.

Dans un reportage présenté le 26 décembre 1983 à l’émission Drôle de vie, Ludmilla Chiriaeff ouvrait les portes de son établissement à l’animateur Michel Desrochers.

Michel Desrochers était accompagné de France Saint-Laurent, qui souhaitait être dirigée par Ludmilla Chiriaeff.

Cette dernière a exaucé le vœu de France Saint-Laurent.

La jeune femme s'est vue intégrée à un groupe d’élèves qui répétaient une scène du ballet classique de Noël Casse-Noisette.

Ludmilla Chiriaeff en a profité pour expliquer les buts que poursuivait l'école et comment s'y faisait l’enseignement.

L’École de danse supérieure constituait un incubateur de talents pour Les Grands Ballets canadiens.

En 1987, la compagnie a inauguré sa trentième saison d’existence en présentant Giselle, un ballet marquant de l’histoire du ballet.

Dans un reportage présenté au Téléjournal le 8 novembre 1987 et animé par Suzanne Laberge, le journaliste Paul Toutant rappelait, notamment en interviewant Ludmilla Chiriaeff, l’évolution des Grands Ballets canadiens.

Le reportage abordait par ailleurs certains des défis que rencontrait la compagnie.

Le public ne comprenait pas toujours ses choix artistiques. Il y avait aussi certaines difficultés financières.

L’action de Ludmilla Chiriaeff pour la diffusion de la danse classique s’est étendue à d’autres établissements d’enseignement, comme les écoles primaire et secondaire Laurier et Pierre-Laporte, et le Cégep du Vieux Montréal.

Depuis 2017, Les Grands Ballets canadiens sont installés dans le Quartier des spectacles de Montréal.

Ils ont acquis une réputation mondiale et continuent de stimuler l’imagination et la créativité.

Pas à pas, Ludmilla Chiriaeff a mis la danse classique en mouvement au Québec et au Canada.