Le créateur du spectacle L'incroyable secret de Barbe noire, qui a fait les manchettes l'an dernier en raison de sa marionnette noire jugée offensante par certaines organisations militantes, intente une poursuite pour atteinte à sa réputation et à la liberté d'expression.

Après une longue réflexion, Franck Sylvestre a décidé de poursuivre Alain Babineau, l'un des dirigeants de la Coalition rouge, qui, selon M. Sylvestre, a tenu des propos diffamatoires à son endroit au plus fort de la controverse, l'hiver dernier.

Une demande introductive d'instance en dommages-intérêts pour atteinte à la réputation et à la liberté d'expression devait être présentée mercredi au palais de justice de Montréal par son avocat, Me Guillaume Rousseau, de la firme Municonseil.

Son dépôt a été publicisé par l'organisme Droits collectifs Québec (DCQ) qui, de pair avec l'Association des Québécois unis contre le racialisme (AQUR), soutient M. Sylvestre dans sa démarche pour obtenir réparation.

Ce dernier réclame 26 600 $ à M. Babineau, un ex-policier qui agit aujourd'hui comme directeur sur les questions de profilage racial et de sécurité publique pour la Coalition rouge, et à qui il avait – sans succès – fait parvenir une mise en demeure en septembre pour réclamer des excuses publiques.

Des spectacles annulés

La demande introductive d'instance reproche notamment au défendeur d'avoir tenu des propos agressifs, vindicatifs, émotifs, virulents, vexatoires et diffamatoires à l’endroit de M. Sylvestre lors d'une conférence de presse organisée conjointement avec l'Association de la communauté noire de l'Ouest-de-l'Île, le 24 février 2023.

M. Babineau aurait alors associé l'artiste à une "racist doll", aux Noirs qui appuient les idées des suprémacistes blancs, au racisme systémique et surtout à la déshumanisation des Noirs, en prétendant qu’il ne fait que contribuer à cette déshumanisation et qu’il participe à la pratique du blackface.

La poursuite déplore en outre que le défendeur ait écrit sur le réseau X (Twitter, à l'époque) qu'il existe malheureusement beaucoup trop de "vendus" qui ne pensent qu’à leur petit bonheur en s’efforçant de ne pas déplaire à leur "maître", en joignant à sa publication une photo de M. Sylvestre et de sa marionnette.

La polémique a notamment entraîné l'annulation d'une représentation prévue le 27 février à Beaconsfield et d'une autre, au début d'avril, au Festival de littérature jeunesse de Montréal, souligne la demande introductive d'instance.

Elle a aussi fait en sorte qu'aujourd'hui, le demandeur voit sa carrière professionnelle menacée en étant étiqueté injustement comme un artiste "controversé" que les diffuseurs hésitent à engager par crainte de représailles, précise-t-on dans le document d'une dizaine de pages.