Un article écrit par Radio-Canada

Les taux d’intérêt ne sont pas responsables de la crise du logement, soutient Macklem

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Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, à une réunion du Comité des finances jeudi à Ottawa.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, à une réunion du Comité des finances jeudi à Ottawa.

Le gouverneur de la Banque du Canada soutient que la banque centrale ne peut pas résoudre la crise du logement avec les taux d'intérêt parce qu'il s'agit avant tout d'un problème d'offre insuffisante.

Tiff Macklem a comparu jeudi devant les députés du Comité des finances des Communes, une semaine après la décision de la banque centrale de maintenir son taux directeur à 5 %. Le gouverneur a fait l'objet de nombreuses questions sur l'abordabilité du logement.

M. Macklem a reconnu que les taux d'intérêt élevés alimentent une hausse des coûts du logement. Toutefois, il a souligné que l'inflation des prix du logement a historiquement été haute aussi bien en période de taux d'intérêt bas qu'en période de taux d'intérêt élevés.

On ne va pas résoudre le problème du logement avec des taux d'intérêt bas ni avec des taux d'intérêt élevés. Nous avons essayé les deux. Et nous avons connu une forte inflation des prix du logement.

Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada

Les taux d'intérêt élevés ont fait augmenter le coût de souscription ou de renouvellement des prêts hypothécaires et ont rendu plus coûteuse pour les promoteurs immobiliers l'obtention du financement nécessaire pour construire.

À l'inverse, de faibles taux d'intérêt font également grimper les coûts du logement en stimulant davantage la demande. Les prix des maisons augmentent lorsque les gens se précipitent pour acheter dans un écosystème où les taux sont plus bas.

M. Macklem estime que le gouvernement devrait se concentrer sur l'augmentation de l'offre de logements pour accroître l'abordabilité. Il prévient qu'à l'inverse, des politiques publiques qui feraient augmenter la demande ne feraient qu'aggraver cette situation.

La semaine dernière, en annonçant le maintien du taux directeur à 5 %, la Banque du Canada a indiqué qu'elle commençait à réfléchir à un calendrier de réductions éventuelles des taux.

La plupart des économistes s'attendent à ce que la banque centrale commence à réduire ses taux d'intérêt vers le milieu de l'année. Cependant, le rythme de réduction de l'inflation au cours des prochains mois pourrait avoir un effet sur ce calendrier.

Taux d'inoccupation très bas

La banque centrale a indiqué la semaine dernière que les frais de logement demeurent le facteur qui contribue le plus au fait que l'inflation est toujours supérieure à la cible de 2 % visée par la Banque du Canada.

L'inflation annuelle globale du Canada a été de 3,4 % en décembre. Par contre, les coûts du logement ont augmenté de 6 % par rapport à l'année précédente.

Les loyers au Canada ont grimpé en flèche l'année dernière alors que l'offre avait du mal à suivre la demande, ce qui a conduit au taux d'inoccupation national le plus bas jamais enregistré depuis que la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) collige ces données, en 1988.

Cette agence fédérale a indiqué mercredi dans un rapport que le taux d'inoccupation des appartements destinés à la location au Canada avait été de 1,5 % au cours des deux premières semaines d'octobre 2023, lorsque la SCHL a mené son enquête annuelle.

Ce taux d'inoccupation est en baisse par rapport à celui de 1,9 % enregistré un an plus tôt, qui représentait déjà à l'époque le taux national le plus bas depuis plus de vingt ans.

Les taux d'inoccupation ont beaucoup diminué à Montréal, à Toronto, à Calgary et à Edmonton, a souligné la SCHL mercredi.

À Montréal, ce taux est passé de 2 % en octobre 2022 à 1,5 % en octobre dernier. À Québec, il est passé de 1,5 % à 0,9 %; à Trois-Rivières, de 0,9 % à 0,4 %; et à Montmagny, de 0,6 % à 0,2 %.