Le plan de valorisation des médias locaux, qui vise à leur venir en aide, a été présenté vendredi par la mairesse de Longueuil. Pour contrer l’enjeu de la distribution alors que le Publisac prend fin, Catherine Fournier demande à Ottawa d'intervenir auprès de Postes Canada.
J’appelle dès aujourd’hui Postes Canada à distribuer gratuitement les journaux locaux par son réseau de distribution existant et le gouvernement fédéral à l’exiger de la société d’État
, a annoncé la mairesse de Longueuil.
De l'avis de Catherine Fournier, il s’agit d’une contribution cruciale pour assurer la survie des journaux locaux – notamment Le Courrier du Sud et La Relève à Longueuil – à la suite de la décision de Transcontinental de mettre fin au Publisac dès la mi-mars sur la Rive-Sud.
Une distribution difficile
Les médias locaux devront se tourner vers Postes Canada pour la distribution de leurs exemplaires. Ils devront toutefois payer quatre fois plus cher, exacerbant les difficultés existantes en pleine crise des médias.
Évidemment, le budget des médias comme Gravité [Media] n’a pas quadruplé dans les dernières années
, a souligné la mairesse de Longueuil en conférence de presse.
La Ville de Longueuil ne réglera pas à elle seule le problème des médias […], mais nous sommes engagés à faire ce travail
, a annoncé la mairesse.
Nous n’avons pas les moyens d’assurer la distribution à ses 250 000 citoyens, c’est pourquoi la Ville vise l’instauration de boîtes de dépôt pour les journaux locaux
dans certains bâtiments municipaux. J’invite les commerçants à nous contacter
, a avisé Catherine Fournier en conférence de presse.
Un rêve
pour Gravité Média
La contribution de Postes Canada est le rêve
de Julie Voyer, présidente et fondatrice de Gravité Média, depuis cette tempête pour le retrait du Publisac
, explique-t-elle.
Gravité Média détient cinq journaux régionaux : Le Soleil de Châteauguay, La Relève, Le Courrier du Sud, le Journal de Saint-François et Le Reflet. L’entreprise distribue au total 250 000 exemplaires chaque semaine, dont 110 000 seulement pour le Courrier du Sud, selon la PDG.
C’est utopique de penser qu’on peut refiler la facture à nos clients et que dorénavant pour continuer [il] faudrait augmenter le tarif quatre fois pour leurs publicités papier
, a affirmé Julie Voyer.
À cet instant, les journaux sont disponibles gratuitement pour les résidents et accessibles sur le web : Les gens ne sont pas prêts à payer pour avoir un abonnement à un journal local.
Financement
Le plan présenté par la mairesse se décline en trois axes d’intervention : la diffusion et la distribution, le financement, ainsi que le contenu et la valorisation.
En ce qui a trait au financement, la Ville de Longueuil s'engage à investir au minimum 50 % du budget publicitaire de la Ville dans les médias locaux. Aussi, elle entend mettre en place une campagne annuelle de valorisation des médias menée par la Direction des communications et des affaires publiques pour rappeler le rôle crucial
, a mentionné Catherine Fournier.
Les actions proposées dans le plan sont le résultat de la collaboration avec les représentants des médias locaux concernés. La Ville de Longueuil s’engage également à créer une table de concertation avec les représentants des médias et de la Ville.
Un travail commun
La mairesse a affirmé que l’enjeu était définitivement discuté avec les élus
, entre des villes de Saint-Bruno, de Saint-Lambert et de Laval.
Le maire de Boucherville, Jean Martel, qui s’est déjà exprimé sur la valeur des médias locaux à plusieurs reprises, a réitéré en entrevue avec Radio-Canada : À quelque part, la démocratie sans médias, [il n'y] en a pas […] Quel prix sommes-nous prêts à payer pour notre démocratie?
Selon Jean Martel, on ne peut pas compter seulement sur la presse en ligne pour tenir sa population informée : À Boucherville, il y a beaucoup d'aînés […], il y a encore un segment de la population qui lit ça.
Le ministre fédéral des Services publics et de l'Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, a également démontré une ouverture
, selon Catherine Fournier.
Le cabinet du ministre a également fait une déclaration à ce sujet vendredi. En soulignant le partage d’informations de sources fiables, et la distribution des médias locaux
pour notre démocratie, le cabinet du ministre a affirmé que le ministre Duclos discutait avec Postes Canada pour trouver des solutions quant à la distribution des journaux locaux. La mairesse Catherine Fournier et lui se sont rencontrés le mois dernier pour discuter de cet enjeu et de l’importance de la sauvegarde des hebdomadaires
.
Les porte-parole du Bloc québécois en matière de Patrimoine, Culture et Communications, Martin Champoux, ainsi que de Services publics et Approvisionnements, Julie Vignola, ont appelé le gouvernement fédéral à intervenir d’urgence pour venir en aide aux hebdos locaux et régionaux.
En raison des pressions déjà exigeantes sur les journaux locaux et la fin du Publisac, le Bloc québécois appelle le gouvernement à faire pression auprès de Postes Canada afin qu’il prenne le relais de la distribution des journaux locaux et régionaux à un tarif préférentiel, en tout respect des conditions de travail des factrices et facteurs
, a déclaré Martin Champoux.