Une ancienne mine de charbon dans les Rocheuses albertaines libère un contaminant toxique pour les poissons à des taux plus de 12 fois supérieurs aux directives fédérales et provinciales. L’autre mine, qui n'est plus non plus en activité, déverse une eau tellement riche en fer qu'elle teinte les ruisseaux environnants d’une couleur orange.
Nos résultats révèlent de nouvelles preuves que les activités d'extraction du charbon dans le bassin versant de la rivière Crowsnest ont eu un impact sur les écosystèmes en aval pendant des décennies
, indique l'article (en anglais), écrit par trois scientifiques du gouvernement albertain et publié dans la revue Environmental Pollution.
Dans leur rapport, ils soulèvent la question de savoir qui est responsable de l'assainissement des sites industriels une fois qu’ils ne sont plus en activité.
Les deux sites étudiés – Grassy Mountain et Tent Mountain – ont connu une exploitation minière importante, bien qu'intermittente, qui a pris fin il y a un peu moins de 50 ans.
Déversement de contaminant toxique à Tent Mountain
On apprend dans l’article que l'exploitation de Tent Mountain, qui fait aujourd'hui l'objet d'un projet d'énergie renouvelable, a empilé des roches pendant des décennies à côté d'un bassin de rétention qui alimente en eau la rivière Crowsnest.
De l’eau passait à travers les roches laissées par la mine, pour se déverser dans un étang, explique l’article scientifique.
Cet étang présente aujourd'hui des concentrations de sélénium, un élément hautement toxique pour les poissons qui nuit à leur capacité de reproduction.
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Moins d'inquiétude pour Grassy Mountain
L’ancien site de Grassy Mountain, où une entreprise espère reprendre l'exploitation du charbon, suscite moins d'inquiétudes en ce qui concerne le sélénium, parce que les roches abandonnées sont plus dispersées, indique l'article.
Toutefois, en juillet 2022, les scientifiques ont constaté un problème dans un ruisseau voisin.
Pendant une brève période de 48 heures, la qualité de l'eau du ruisseau Blairmore a changé de façon marquée, et l'eau a pris une couleur orange rouille
, indique l'article.
L'équipe a ainsi pu suivre l'eau rouillée jusqu'à l'entrée de l’ancienne mine et en a mesuré la teneur en fer, qui était près de 30 fois supérieure aux normes fédérales.
Cet épisode de décharge était probablement dû à un facteur hydrologique (naturel) inconnu
, peut-on lire dans l'article.
Manque de transparence
La Presse canadienne a contacté le ministère de l'Environnement de l'Alberta le 15 janvier pour demander une entrevue avec les auteurs, dont deux sont encore des employés du secteur public. Un porte-parole a répondu que les chercheurs n'étaient pas disponibles et a demandé une liste de questions en retour desquelles l'agence de presse n'a pas obtenu de réponses.
Le troisième auteur, qui travaille aujourd'hui aux États-Unis, a déclaré qu'il ne voulait pas parler de ses recherches par crainte de représailles juridiques de la part de la province.
En Alberta, les détenteurs d'un permis de développement pour un site sont responsables des conséquences environnementales antérieures seulement.
Pour la branche fédérale, la loi interdit le déversement de substances nocives pour les poissons
dans les eaux.
Si les agents de l'autorité trouvent des preuves d'une violation présumée des dispositions de la Loi sur les pêches relatives à la prévention de la pollution, ils prendront les mesures qui s'imposent
, a déclaré la porte-parole d'Environnement Canada, Nicole Allen.
Le site de Tent Mountain est actuellement couvert par un permis détenu par Evolve Power. L’entreprise n'a pas voulu commenter la façon dont elle prévoit de remédier aux problèmes liés au sélénium.
Le site de Grassy Mountain fait actuellement l'objet d'une prospection pour le charbon par Northback Resources. La société australienne espère rouvrir le site à l'exploitation minière.