Un article écrit par Radio-Canada

La Commission européenne dit vouloir « défendre les intérêts légitimes des agriculteurs »

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Les agriculteurs européens réclament de meilleurs revenus et une protection contre la concurrence étrangère.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Les agriculteurs européens réclament de meilleurs revenus et une protection contre la concurrence étrangère.

La Commission européenne s'est engagée jeudi à « réduire le fardeau administratif » pour répondre à la colère des agriculteurs, qui semble s'apaiser en France après l'annonce d'une série de mesures par l'exécutif.

Nous allons travailler sur une proposition [...] pour réduire le fardeau administratif des procédures de la politique agricole commune (PAC), a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à l'issue d'un sommet européen.

Cette proposition sera prête à temps pour la prochaine rencontre des ministres européens de l'Agriculture, prévue le 26 février à Bruxelles, a-t-elle promis.

Nous devons défendre les intérêts légitimes des agriculteurs, en particulier dans nos négociations commerciales, en garantissant des conditions de concurrence équitables en matière de normes, a également déclaré Mme von der Leyen à l'issue d'une journée marquée par un défilé de tracteurs dans Bruxelles.

Pour sa part, le président français Emmanuel Macron a réclamé une force européenne de contrôle sanitaire et agricole lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet.

M. Macron, dont le gouvernement a annoncé jeudi de nouvelles mesures pour les agriculteurs, s'est aussi félicité d'avoir fait en sorte que l'accord commercial controversé entre l'UE et les pays latino-américains du Mercosur, dénoncé par les agriculteurs, n'ait pas été conclu à la va-vite comme certains menaçaient de le faire.

Il a également annoncé que l'UE allait instaurer un contrôle des importations de céréales ukrainiennes, dont la concurrence crispe les agriculteurs. M. Macron a estimé qu'il n'y avait pas d'incohérence avec le soutien européen pour Kiev dans l'instauration de ce contrôle des céréales.

La crise agricole s'est imposée jeudi lors de ce sommet principalement consacré à l'aide financière européenne à l'Ukraine en guerre, qui a abouti à un accord pour une aide de 50 milliards d'euros (plus de 72 milliards $ CA).

Bruxelles ciblée par les manifestants

Des milliers de manifestants venus de plusieurs pays et quelque 1200 tracteurs avaient envahi les rues de la capitale européenne pour répercuter la colère du monde agricole dans toute l'Europe. Ce n'est pas l'Europe que nous voulons, Sortons l'alimentation du libre-échange et Moins de normes, scandaient les manifestants en français, en néerlandais, en italien et en allemand.

Dans tous les pays de l'UE, Bruxelles est la cible désignée de la colère agricole. Politique européenne trop complexe, revenus trop bas, inflation, concurrence étrangère, accumulation de normes, flambée des prix du carburant : des revendications similaires se retrouvent de l'Allemagne à la Pologne en passant par l'Italie.

Des centaines d'agriculteurs portugais bloquaient aussi jeudi matin plusieurs axes routiers, dont deux passages à la frontière avec l'Espagne, afin de réclamer une valorisation de leur activité.

En Grèce, 300 tracteurs et des dizaines de camions d'apiculteurs, klaxonnant et arborant des drapeaux noirs et blancs, se sont immobilisés devant le centre municipal de Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, aux cris de Agriculteurs, ils boivent votre sang!.

Vers une accalmie possible en France

En France, les syndicats majoritaires ont appelé jeudi à suspendre les blocages du pays après une nouvelle série d'annonces du premier ministre Gabriel Attal en faveur du secteur en crise.

M. Attal a ainsi promis une enveloppe de 150 millions d'euros (environ 218 millions $ CA) dès cette année et de façon pérenne consacrée à des mesures destinées à soulager la charge fiscale et sociale des éleveurs du pays. Au total, les mesures annoncées depuis lundi en France en faveur du secteur agricole représentent une enveloppe de 400 millions d'euros (environ 582 millions $ CA), selon le ministère de l'Economie.

Le chef du gouvernement français a aussi annoncé jeudi la mise en pause d'un plan qui fixe des objectifs de baisse d'usage des pesticides et qui cristallise la colère des producteurs de grandes cultures, provoquant la consternation du parti Les Écologistes, qui a dénoncé un recul inacceptable et dramatique.

Toutefois, les principaux syndicats d'agriculteurs se sont montrés satisfaits. Arnaud Rousseau, le patron du puissant syndicat FNSEA, a salué des avancées tangibles et l'écoute de l'exécutif. Il a, avec le président des Jeunes Agriculteurs, Arnaud Gaillot, appelé à suspendre les blocages en place depuis lundi sur les axes stratégiques, principalement aux alentours de Paris.

Bruxelles avait déjà fait des concessions en début de semaine en proposant d'accorder pour 2024 une dérogation partielle aux obligations de jachères imposées par la politique agricole commune (PAC).