La preuve de la Couronne est close au procès de Marc-André Grenon, l’homme accusé du meurtre et de l’agression sexuelle de Guylaine Potvin en avril 2000 à Jonquière.
Vendredi matin, la défense a rapidement terminé le contre-interrogatoire de la biologiste judiciaire Caroline Paquet, dont le témoignage s’est amorcé mercredi.
La spécialiste a de nouveau expliqué que seuls deux objets retrouvés dans la chambre de Guylaine Potvin contenaient un profil génétique unique, soit la boîte de préservatifs et la ceinture sur lesquelles des traces de sang ont été retrouvées.
Dans les autres prélèvements, il y avait des combinaisons d’ADN provenant de la victime, mais aussi d’une ou de deux autres personnes. Mme Paquet avait précisé plus tôt cette semaine que des calculs statistiques tendent toutefois à démontrer qu’il est des milliards de fois plus probable que l’ADN présent soit celui de Marc-André Grenon plutôt que celui de quelqu’un d’autre.
En se basant sur un rapport produit en 2022, la biologiste judiciaire a expliqué que de nouvelles analyses avaient été faites. Par contre, la quantité d’ADN était trop faible pour utiliser les nouvelles technologies désormais disponibles. Elle a mentionné que ces résultats n'invalidaient pas les anciens qui avaient permis d’établir un profil génétique masculin.
À la fin de l’avant-midi, les avocates de Marc-André Grenon ont demandé au juge de leur accorder une fin de semaine de réflexion afin de déterminer si elles présenteront ou non une défense. Elles devraient annoncer leur décision lors de la reprise des audiences lundi matin au palais de justice de Chicoutimi.
Le juge François Huot a précisé au jury qu’il y avait deux options possibles : soit il y aura une défense, soit aucun témoin supplémentaire ne sera entendu.
Rappel de la preuve
Le procès de Marc-André Grenon s’est amorcé le 15 janvier. Depuis, les procureurs de la Couronne ont fait entendre 11 témoins : les amies de Guylaine Potvin qui ont découvert son corps, un ambulancier, un technicien en scène de crime, une pathologiste judiciaire, les colocataires de la victime, des policiers de la Sûreté du Québec et des spécialistes en biologie judiciaire.
Le meurtre de Guylaine Potvin a été commis dans la nuit du 27 au 28 avril 2000.
De l’ADN masculin a été retrouvé sur des objets laissés sur les lieux du crime, de même que sur le corps de la victime. Cependant, pour déterminer de qui provient l’ADN, il faut être en mesure de le comparer, ce qui s’est révélé impossible dans ce dossier pendant plus de deux décennies.
Ce n’est que 22 ans après le meurtre que le présumé assassin a été arrêté à Granby.
Afin de relancer l’enquête, le dossier de Guylaine Potvin a été ajouté au projet PatronYme. Dans le cadre de ce projet, le Laboratoire de science judiciaire et de médecine légale de Montréal a créé la base de données pYste. Cette dernière contient des milliers de profils génétiques publics provenant de sites de généalogie en ligne.
L’ADN des hommes contient un chromosome Y, celui-ci se transmet de père en fils, de sorte que le profil Y des hommes d’une même lignée paternelle est le même. Traditionnellement, le nom de famille du père se transmet lui aussi d’une génération à l’autre.
L’ADN inconnu dans le dossier de Guylaine Potvin a donc été comparé aux données contenues dans pYste. Le nom de famille Grenon a été ciblé comme un patronyme d’intérêt prioritaire. C’est ce qui a permis aux enquêteurs de la Sûreté du Québec de relancer l’enquête et de retrouver Marc-André Grenon, dont le nom était apparu dans les dossiers de la police il y a longtemps.
En août 2022, les enquêteurs ont obtenu le droit de prendre M. Grenon en filature et ils ont saisi à son insu un gobelet et des pailles qu’il avait utilisés dans un cinéma de Granby. En comparant son ADN et celui retrouvé dans la chambre de Guylaine Potvin, il y avait une concordance.
Les policiers ont ainsi obtenu un mandat et ils ont arrêté Marc-André Grenon sur son lieu de travail le 12 octobre 2022.