Une vidéo de la ministre de l'Éducation postsecondaire de la Colombie-Britannique, Selina Robinson, durant une activité mardi soir a suscité de vives réactions, y compris des appels à sa démission. La vidéo qui circule sur les réseaux sociaux la montre notamment désigner le territoire où a été créé Israël comme un « bout de terre minable » (« a crappy piece of land », en anglais) avant l’établissement de l’État moderne d'Israël, en 1948.
Selina Robinson a tenu ces propos controversés lors d’une activité en ligne organisée par B'nai Brith avec des personnalités publiques de la communauté juive.
Les données nous apprennent que toute une génération, celle des 18 à 34 ans, n’a aucune connaissance de l'Holocauste. Ils ne pensent même pas que ça s'est produit. Ils ne comprennent pas qu'Israël a été offert aux Juifs qui avaient été déplacés
, a-t-elle déclaré au cours de cette discussion d’un peu moins de deux heures.
Ces jeunes n’ont donc aucune connaissance de la façon dont tout a commencé
, ajoute-t-elle. Ils ne comprennent pas que c’était un bout de terre minable, sans rien dessus. [Sur ce territoire], il y avait plusieurs centaines de milliers de personnes, mais à part ça, il n'y avait aucune économie, il n'y poussait rien, il n'y avait rien.
À la suite de ces propos, des appels à la démission de la ministre ont circulé sur les réseaux sociaux.
Jeudi, elle a présenté des excuses publiques, reconnaissant que ses commentaires ont causé de la douleur et ont minimisé le lien des Palestiniens avec ce territoire.
Je tiens à m'excuser pour mon commentaire irrespectueux concernant les origines d'Israël sur "un bout de terre minable". Je faisais référence au fait que la Terre a des ressources naturelles limitées. Je comprends que ce commentaire désinvolte a causé de la douleur et qu'il diminue le lien que les Palestiniens ont également avec ce territoire.
Le premier ministre David Eby a réagi vendredi matin en affirmant que les propos de sa ministre étaient inacceptables et en la remerciant de s'être excusée sans réserve.
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Appels à démission
La fédération des éducateurs postsecondaires de la Colombie-Britannique et l’Association canadienne des professeures et professeurs d'université ont lancé un appel à la démission immédiate de Selina Robinson en raison de commentaires récents, dont ceux de mardi, et de ses propos en marge de la mise à pied d'une enseignante du Collège Langara.
Par voie écrite, les deux organisations disent estimer que les récentes déclarations de la ministre portent atteinte aux principes démocratiques de la liberté d’expression, de la liberté universitaire et d’un système d’enseignement supérieur.
L'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique a aussi joint sa voix à celle de ces deux organisations pour demander la démission de Selina Robinson, citant le rôle qu'elle aurait joué dans le départ de l'enseignante.
La ministre avait exprimé publiquement sur le réseau X sa déception au sujet de la décision du Collège de maintenir en fonction la professeure d'anglais Natalie Knight à la suite de propos controversés qu’elle avait tenus après l’attaque du Hamas. Après l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier, l’enseignante avait décrit cet événement comme étant incroyable et brillant
.
Le Collège Langara avait ouvert une enquête et décidé de garder l’enseignante parmi son personnel, à condition qu'elle respecte certaines consignes. Natalie Knight n'est toutefois plusemployée par le collège depuis le 26 janvier puisqu'elle a mené des activités qui contrevenaient aux consignes, selon l’établissement.
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Cette décision est survenue quelque temps après le tweet de Selina Robinson dans lequel elle s'insurge contre le fait que l'enseignante continue d'avoir une plateforme publique postsecondaire pour répandre la haine et le vitriol
et dit avoir rencontré @langaracollege pour exprimer [ses] inquiétudes
.
La fédération des éducateurs postsecondaires de la Colombie-Britannique accuse notamment Selina Robinson d’ingérence, disant estimer qu’elle est intervenue de manière inappropriée. La ministre nie s’être impliquée dans la décision du renvoi.