Un article écrit par Radio-Canada

La façon de classer les cancers doit changer, prônent des chercheurs

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Une tumeur cancéreuse pulmonaire (Illustration d'archives)Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Une tumeur cancéreuse pulmonaire (Illustration d'archives)

Classer un cancer métastatique en fonction de l'organe dans lequel il est apparu en premier est obsolète et peut parfois empêcher certains patients d'accéder à un traitement adapté, estiment des chercheurs de l'Institut Gustave-Roussy en France dans la revue Nature (en anglais).

Cette habitude de classer les cancers et les traiter en fonction de l'organe d'origine freine les progrès de la recherche, écrivent dans une tribune publiée mercredi par la revue ces médecins-chercheurs du centre anticancer situé au sud de Paris et de l'Université Paris-Saclay.

Actuellement, l'intégralité de la cancérologie repose sur une segmentation des patients en fonction de l'organe dans lequel est apparue la maladie, rappellent-ils. On dit ainsi qu'une personne est atteinte d'un cancer du foie, du poumon ou encore du pancréas, et cela même si son cancer s'est propagé à d'autres organes.

Or, de nombreuses recherches ont mis en lumière des caractéristiques communes partagées par plusieurs types de cancers d'organes, poursuivent les chercheurs, qui appellent à classifier désormais les cancers métastatiques selon les propriétés moléculaires ou biologiques des tumeurs.

Car la classification actuelle empêche des millions de patients d'accéder à un traitement innovant, estiment-ils.

Ils donnent l'exemple de l'olaparib, une molécule anticancéreuse qui a d'abord reçu une autorisation de mise sur le marché en 2014, uniquement pour les cancers ovariens. L'autorisation a été élargie en 2018 aux cancers du sein, et en 2020 seulement aux cancers du pancréas et de la prostate.

Les essais cliniques concernant les anti-PD1/PDL1, une immunothérapie particulièrement active chez les patients dont les cellules cancéreuses expriment un taux élevé de la protéine PD-L1, ont également été segmentés par organe d'origine pendant des années, retardant la mise sur le marché du traitement pour des milliers de patients, illustrent-ils.

Ces retards pris dans l'octroi des autorisations s'expliquent par la segmentation des essais cliniques, qui doivent démontrer leur efficacité par type d'organe d'origine du cancer, regrettent-ils.