Le bouledogue français et le rottweiler sont parmi les races dont la longévité est la plus courte.
Ils sont beaux et racés et leurs caractères affectueux font la joie de leurs humains favoris. Mais les chiens de race brachycéphale, qui présentent un crâne plus large que long, une face plate et des yeux globuleux, vivent moins longtemps que ceux de race dolichocéphale, qui présentent un crâne allongé et un long museau.
C’est le constat auquel parviennent la vétérinaire Kirsten McMillan et ses collègues du Collège royal vétérinaire associés à l’Université de Londres, qui viennent de dresser le portrait global de la longévité canine le plus précis à ce jour. Pour y arriver, ils ont étudié 18 bases de données – dont les dossiers médicaux – concernant près de 585 000 chiens du Royaume-Uni issus de plus de 155 races pures ou classées comme croisés.
Pour le professeur David William Silversides de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, ce portrait vient confirmer ce qu’on savait déjà, mais dans un détail inégalé jusqu'à maintenant.
Les résultats d’études britanniques similaires menées en 1999 avec 3000 chiens et en 2010 avec 16 000 chiens vont dans la même direction. Mais la force de ceux-ci, avec plus d’un demi-million de chiens, est dans le nombre d’observations. Cela devient de plus en plus solide comme constat
, note le professeur Silversides, qui n’a pas participé à cette étude publiée dans la revue Scientific Reports (en anglais).
Dans l’étude, la race, le sexe, la date de naissance et la date de décès (le cas échéant) ont été pris en considération. Les chiens de race pure ont été classés par taille (petit, moyen ou grand) et par forme de tête (à nez court, à nez moyen et à nez long).
La longévité a ensuite été calculée pour chacune des races et pour le groupe des races croisées, puis pour chaque combinaison de sexe, de taille et de forme de tête.
Quelques données :
- La durée de vie médiane des chiens toutes races confondues est de 12,5 ans;
- En moyenne, les chiens mâles (12,4 ans) vivent trois mois de moins que les femelles (12,7 ans);
- Les races de petits chiens à crâne allongé et au long nez comme le lévrier nain (whippet) présentent la longévité médiane la plus élevée, soit 13,3 ans (âge médian à la mort) pour les deux sexes;
- Les chiens de races moyennes à face plate ont une durée de vie médiane de 11,2 ans, comme le bouledogue français (9,8) et le carlin (11,6);
- Les pures races (12,7 ans) vivent un petit peu plus longtemps que les races croisées (12 ans).
- Les chiens de grande taille vivent moins longtemps que les chiens de petite taille. Par exemple, l’énorme berger du Caucase présente la durée de vie médiane la plus basse : seulement 5,4 ans, alors que l’épagneul tibétain a une durée de vie médiane de 15,2 ans et le teckel nain de 14 ans.
Les chiens de race au museau plat vivent donc moins longtemps que ceux au museau moyennement long, tels que les épagneuls. Le professeur Silversides explique que les races brachycéphales sont sujettes à plusieurs problèmes de santé, notamment des difficultés respiratoires et des problèmes de peau.
En outre, parmi les 12 races les plus populaires (représentant plus de 50 % de toutes les races pures enregistrées dans la base de données), les labradors vivent en moyenne 13,1 ans et les jack russell terriers ont une espérance de vie médiane de 13,3 ans.
Et les races de créateurs?
Les auteurs des travaux espèrent que de prochaines analyses tiendront compte de chiens de race de créateurs (comme les doodles), très populaires actuellement.
Un chien de créateurs est un chien croisé de première génération
, explique le professeur Silversides.
Un argument veut que la diversité génétique de cet animal diminue le risque de problèmes génétiques, surtout les maladies génétiques simples, comparativement aux chiens de race. Ce qui peut augmenter l’espérance de vie de l’animal.
Mais cet argument fonctionne seulement pour la première génération des chiens de créateurs, selon le professeur. Pour les générations subséquentes, les chiens de créateurs deviennent d’autres animaux en train de devenir les races pures, avec la consanguinité et les problèmes génétiques qui y sont associés.
En outre, les auteurs des travaux soulignent que les données ne tiennent pas compte de la façon dont les chiens sont morts. Ils espèrent que d'autres études permettront de prendre en compte d’autres facteurs qui pourraient influencer la longévité, comme des facteurs environnementaux tels que l'alimentation, l'exercice et l'entraînement.
Des informations qui se peaufinent
Ces données recueillies au Royaume-Uni peuvent-elles être transposées en Amérique du Nord? C’est une bonne question! Je pense qu’en gros, les résultats en Amérique du Nord doivent aller dans la même direction
, indique le professeur David William Silversides.
Malheureusement, il n’existe aucune donnée aussi précise en Amérique du Nord. Les Européens, et particulièrement les Britanniques, s’intéressent beaucoup à la question.
Il faut aussi considérer que l'Angleterre est une île un peu fermée et qu’ils sont très peu ouverts à l’importation de chiens en raison de la lutte contre la rage
, nuance-t-il. On peut donc penser qu’il existe une certaine variation entre les portraits nord-américains et européens.
Le saviez-vous?
- Il existe plus de 400 espèces génétiquement distinctes de chiens domestiques (Canis lupus familiaris) dans le monde.
- Il est généralement admis que le chien domestique est né d’une espèce ancestrale de loup, il y a environ 16 000 ans.