Prendre un congé de maternité de plus de cinq mois permet de réduire l’anxiété de séparation des bébés lorsque la mère retourne au travail. Ces travaux de la professeure de l’Université de Sherbrooke, Gabrielle Garon-Carrier, figurent parmi les découvertes de l’année du magazine Québec Science.
On sait que la première année de vie, c’est une période importante pour établir un lien d’attachement sécurisant entre le parent et l’enfant et, à cet âge-là, ça repose principalement sur une proximité physique entre le parent et l’enfant
, lance d’emblée la professeure à la Faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke.
Dans le cadre de ses recherches, l’experte a tenté de savoir ce qui était préférable pour l’enfant. Que la mère retourne plus tôt sur le marché du travail parce que ça peut amener des bénéfices au plan financier, sur le plan des ressources sociales également ou qu’elle reste plus longtemps en congé de maternité avec le bébé.
En tout, 2110 participants ont pris part à la recherche. On s’est rendu compte que les enfants des mères qui étaient retournées plus tôt sur le marché du travail avaient un niveau d’anxiété de séparation significativement plus élevé que les mères qui étaient restées en congé de maternité, peu importe leur situation financière
, relate Gabrielle Garon-Carrier.
L’anxiété de séparation est la peur d’un enfant d’être séparé de ses parents. Cela peut par exemple se manifester lors de l’entrée à la garderie ou à l’école. Dans 4 % des cas, ces symptômes peuvent devenir persistants et démesurés par rapport au stade de développement de l’enfant.
Ça demeure le trouble anxieux le plus fréquemment diagnostiqué chez les enfants de moins de 12 ans, ça correspond à environ 50 % des demandes de consultation pour des traitements liés à l’anxiété chez les enfants
, révèle la professeure.
Pour mesurer cette peur, les parents ont rempli un questionnaire avec des questions du genre: mon enfant n’est pas capable de dormir seul ou il fait des crises à répétition lorsque vient le temps de l'envoyer à la garderie ou à l’école
, mentionne Mme Garon-Carrier.
Ils ont rempli le formulaire à plusieurs reprises, lorsque leur enfant était âgé de 17 mois, 30 mois, 41 mois, 4 ans, 5 ans et 6 ans. Ça nous permettait de voir aussi s’il y avait une stabilité dans les symptômes manifestés
, ajoute-t-elle.
Garder l’oeil ouvert
Pour la professeure, il est important de rester à l'affût de ces comportements. Ce qu’on sait dans nos travaux antérieurs, explique-t-elle, c’est que les symptômes plus élevés ou plus fréquents entre l’âge de 17 mois et 6 ans vont maintenir les enfants dans une trajectoire plus anxieuse et c’est une porte d’entrée pour d’autres difficultés de nature anxieuse comme l’anxiété généralisée ou l’anxiété sociale.
Il faut toutefois relativiser.
Un enfant qui manifeste de l’anxiété de séparation, ça peut être normal à un certain âge. À l’âge de 12 mois, 18 mois, tous les enfants en manifestent
Pour les enfants chez qui ces manifestations persistent dans le temps, la professeure conseille aux parents d’adopter une routine rassurante. D’aller porter l’enfant aux mêmes heures à la garderie, de l’informer d’avance du déroulement de la journée, de l’heure à laquelle le parent va aller le chercher et de respecter ces engagements-là.
Ces conclusions se retrouvent parmi les dix découvertes de l’année répertoriées par le magazine Québec Science. Il est possible de voter pour sa découverte préférée jusqu’au 15 février. C’est une belle reconnaissance de la part de mes pairs
, se réjouit l’experte.