Un article écrit par Aïda Semlali

Cheminer à travers le deuil d’un enfant, un jour à la fois

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La petite Jordan était un véritable soleil pour son père, le chanteur franco-ontarien Yao.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
La petite Jordan était un véritable soleil pour son père, le chanteur franco-ontarien Yao.

Le chanteur Yao et son épouse racontent comment ils traversent l’épreuve de la disparition de leur fillette Jordan, qui s’est éteinte en septembre, peu avant ses 5 ans.

« Un jour à la fois. C’est vraiment ça. Un jour à la fois », répète Stéphan Soumah, l’épouse du chanteur Yao. En entrevue avec l’animatrice Jhade Montpetit, tous deux racontent comment ils ont fait face à l’impensable. En septembre dernier, ils ont vécu la terrible épreuve que tout parent redoute : la mort de son enfant. Après le choc, chacun a dû composer à sa manière avec le vide laissé et les émotions qui les ont envahis.

C’est un cheminement qui est tellement personnel, qu’il est très difficile au final d’allier tous les différents compartiments de la famille : être parent, être époux, être soi-même, analyse Stéphan.

Une belle phrase que j’ai lue : “le deuil est la seule épreuve où les deux parents sont dans le canapé : personne pour rattraper l’autre.”

Stéphan Soumah

Si Stéphan s’est replongée dans les études et a entrepris des échanges avec des groupes de parents endeuillés, Yao, lui, confie avoir plutôt eu tendance à se refermer sur lui-même.

Ça m'a pris du temps d'arriver à cette étape, prendre le téléphone puis dire : “OK, j'ai besoin d'aide”, confie le chanteur.

C’est en soi qu’on peut trouver au final un peu de lumière, en se raccrochant aux souvenirs, à son propre système de valeur, à ses propres aspirations, poursuit la maman, qui dit se soucier aussi de la manière dont leur petit garçon, Charles-Philippe, du haut de ses trois ans, vit tout cela.

Un soleil devenu étoile

Emportée moins de deux semaines avant son cinquième anniversaire, leur fillette, Jordan n’était pas n’importe quelle petite fille, témoigne sa maman. Elle était pleine de lumière avec son handicap, qui venait aussi apporter son lot de soucis.

Atteinte d’une maladie neurologique rare qui ne compte que trois autres cas dans la littérature scientifique à travers le monde, selon Yao, la disparition de Jordan a laissé un vide au sens littéral du terme.

En même pas deux semaines, ils sont venus [à la maison] chercher son lit [médical]. Sa chambre était toute vide, raconte Stéphan.

La maman de Jordan confie ne pas avoir encore rendu le fauteuil roulant de Jordan, la dernière chose qui me restait d’elle au centre de réadaptation.

C'est bête, mais je le voulais sur mes photos de Noël. Il était juste à côté du sapin, poursuit la maman.

Jordan était notre soleil. Et tout gravitait autour de Jordan.

Yao

Le chanteur raconte que la disparition de l’un de ses deux soleils, la grande sœur de son petit Charles-Philippe, a constitué un choc et une perte de repères. Tu perds ta boussole, dit-il.

C’est Jordan qui lui avait d’ailleurs inspiré l’album Kintsugi. Tout l'album explorait la peine, l'espoir et la résilience. [...] C'était un album très personnel sur ce que nous-mêmes, on vivait au sein de notre famille, se souvient Yao.

Deux ans plus tard, les chansons et le spectacle qui en découle ne résonnent plus de la même manière. Je vois mes plus grandes faiblesses, droit dans les yeux, reconnaît le chanteur, qui présente ce concert au public du Centre des arts Shenkman, à Ottawa, le jeudi 25 janvier.

Yao ne se laisse toutefois pas abattre. J'ai toutes les raisons de ne pas abandonner, affirme-t-il, soulignant que son soleil devenu étoile continue de le guider autrement. Si on a vécu ça, je ne vois pas ce qui devant peut nous ralentir.

Avec les informations de Jhade Montpetit