Un article écrit par Radio-Canada

« Le travail social doit retrouver son sens »

Santé > Services aux citoyens

Le Québec compte environ 16 000 travailleurs sociaux.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Le Québec compte environ 16 000 travailleurs sociaux.

« Inquiétude », voire « désarroi » : le rapport qui résume les constats faits lors des États généraux du travail social et de consultations menées auprès de 600 personnes de la profession est plutôt sombre et appelle à des réformes.

Le travail social semble avoir perdu son caractère engagé et l’éclat de sa caractéristique d’acteur du changement social et d’accompagnateur des collectivités, mentionne le rapport de 73 pages présenté cette semaine.

Le Québec compte environ 16 000 travailleurs sociaux qui épaulent leurs patients et les proches de ces derniers aussi bien dans les écoles, les hôpitaux, les CLSC, les centres de réadaptation, les refuges pour itinérants, les prisons, ou au sein d’organismes communautaires.

Le travail social, ce sont des artisans et des bâtisseurs de solidarité, a expliqué au micro de l’émission Le 15-18, Nadine Vollant, travailleuse sociale et directrice générale pour le Regroupement Mamit-Innuat.

À titre de commissaire des États généraux du travail social, qui se sont tenus en avril dernier, elle a cosigné le rapport présenté cette semaine. Celui-ci fait état de la logique comptable et des impératifs administratifs qui semblent prendre de plus en plus de place au fil des réformes du réseau de la santé et des services sociaux.

En conséquence, la reddition de compte représente une trop grande partie du temps du travail des acteurs et actrices du travail social, et déshumanise la relation avec les usagers et usagères, note le rapport, qui s’appuie notamment sur un sondage mené auprès de 331 praticiens.

Quelques-uns des constats des États généraux du travail social :

  • Les pratiques en travail social ne sont pas bien comprises et valorisées par la population;
  • Les services sont difficiles d’accès : un manque de personnel allonge le délai d’attente;
  • Le changement fréquent de personnel nuit à la qualité du suivi;
  • Confrontés à la standardisation des pratiques, certains migrent vers le privé;
  • Le système de santé et de services sociaux paraît « surcentralisé »;
  • La formation initiale nécessite une réactualisation.

Quelques-unes des recommandations du rapport :

  • Allouer plus de temps à l'intervention et moins à l’administration;
  • Valoriser la proximité et tenir compte des dynamiques territoriales;
  • Recréer le lien de confiance qui s’est effrité avec la population;
  • Développer l’intervention de groupe en complémentarité avec l’intervention individuelle;
  • Créer des associations professionnelles.

Selon Nadine Vollant, on a un système qui est actuellement beaucoup trop hospitalo-centriste. Selon elle, il faut remettre de l’avant davantage des approches globales, collectives et qui répondent aux besoins des populations, et revenir ainsi au cœur du métier et des valeurs de la profession.

La grande place accordée au domaine médical dans le réseau de la santé et des services sociaux réduit la place et le rôle du travail social. [...] La majorité des personnes estime qu’il y a une disproportion entre le financement étatique pour le domaine médical et le curatif, par rapport à celui dédié aux services sociaux et à la prévention.

Extrait du rapport des États généraux du travail social

À deux mois du Sommet de la profession qui se tiendra les 19 et 20 avril à Montréal et en ligne, Mme Vollant appelle ses collègues à se mobiliser afin de redonner un sens collectif et de proximité aux interventions et favoriser l’autonomie professionnelle des praticiennes et praticiens.