Un article écrit par Catherine Dib

Avec plus de 2500 morts, la C.-B. a battu son record de décès par surdoses, en 2023

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Loin de s'améliorer, le bilan des surdoses mortelles s’alourdit à travers les années.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Loin de s'améliorer, le bilan des surdoses mortelles s’alourdit à travers les années.

En 2023, les drogues illicites ont fait 2511 morts en Colombie-Britannique, selon le dernier rapport du Service des coroners de la province. Il s'agit du nombre le plus important enregistré au cours d'une année depuis que la crise des surdoses a été déclarée en avril 2016.

Depuis cette déclaration d’une urgence de santé publique à cause de la hausse fulgurante des surdoses, 14 000 personnes ont perdu la vie en raison de drogues illicites.

Le nombre de décès est plus important que jamais auparavant, soit sept personnes par jour , a déclaré la coroner en chef, Lisa Lapointe, dans la présentation de son rapport. En 2023, il y a même eu une augmentation de 5 % des surdoses mortelles par rapport à 2022.

Le plus haut taux de décès de la province se trouve dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver. 

La majorité des décès concernaient des personnes âgées de 30 à 59 ans, et, pour plus des trois quarts, des hommes. Seule lueur dans le rapport : une baisse des décès parmi les 19 à 29 ans et les mineurs.

Vos enfants, vos frères, vos soeurs, vos mères, vos pères, vos amis et vos collègues ne méritaient pas de mourir de cette façon.

Lisa Lapointe, coroner en chef de la Colombie-Britannique

Elle souligne que ces morts ne sont pas liées à la décriminalisation des substances illicites, qui a été implantée en janvier 2023. Le fentanyl illicite, présent dans le cas de 86 % des décès, serait plutôt à l'origine de ces décès.

En défense de la prévention

Lisa Lapointe affirme que ces morts sont évitables et que, plutôt que de miser sur la coercition dans la lutte contre les surdoses, il faudrait parier sur la prévention. Et si, au lieu de punir et de contrôler, on s'intéressait plutôt aux raisons qui poussent les gens à consommer des substances et à devenir dépendants à des substances, a-t-elle demandé.

Elle dénonce les années de politiques coercitives et de criminalisation d’usage de la drogue de la province. On a répondu à la crise des surdoses par la punition, l’emprisonnement, les amendes, la judiciarisation et les dossiers criminels, dit-elle, critiquant les énormes ressources qui ont été allouées à ce front de la lutte. Cette réponse a créé des pertes, des pertes d’emplois, des pertes de famille, la perte de la dignité et de l’espoir.

Elle précise que l’approche punitive n’est pas une réponse efficace et qu’il est urgent d’agir, car environ 225 000 personnes consomment de la drogue illicite dans la province et courent donc des risques.

Réactions au rapport

La ministre de la Santé mentale et des Dépendances, Jennifer Whiteside, a réitéré son engagement à mettre fin à la crise des surdoses en réaction à ce bilan record de décès.

Notre gouvernement pose des gestes pour consolider les services de dépendance et de soins en santé mentale à travers les divers besoins, pour les interventions à différentes étapes, pour la prévention, le logement, la réduction des méfaits, le traitement et la guérison. Notre but est de sauver des vies, a-t-elle déclaré.

Jennifer Whiteside estime qu’il faut aussi aider les gens à sortir de leurs dépendances. Elle encourage les consommateurs à se tourner vers l’application Lifeguard et à se munir d'une trousse de naloxone en guise de prévention.

Le chef de l’opposition de BC United, Kevin Falcon, a dénoncé la politique de décriminalisation du gouvernement comme ayant contribué à la crise. Lisa Lapointe a exprimé son désaccord avec ce point de vue. On parle de la vie de gens et utiliser cette question pour du gain politique est très décevant, a-t-elle affirmé.

Pour elle, l’évidence scientifique démontre que l’approche de la décriminalisation est celle qui sauvera le plus de vies : Il ne faut pas suivre des idéologies qui ont été développées au début des années 1900.

Moms Stop the Harm, un réseau de familles canadiennes ayant été touchées par la dépendance d’un proche, a réagi au triste bilan en insistant sur le fait que le gouvernement devrait être plus à l’écoute d’experts en la matière afin de réellement répondre à la crise.

C'est le dernier rapport annuel de Lisa Lapointe avant son départ, prévu en février.