Un article écrit par Radio-Canada

Le plus gros conseil scolaire au pays pourrait limiter l’usage des téléphones intelligents

Société > Éducation

Le ministre ontarien de l’Éducation, Stephen Lecce, « soutient fortement les actions des conseils scolaires contre les distractions en classe », comme celle sur laquelle va se prononcer le Toronto District School Board (TDSB).

Nous n’avons jamais eu autant de demandes d'enseignants au sujet des distractions engendrées par les technologies à l’école, a-t-il déclaré lors d’un point presse lundi.

Il ajoute que la province a adopté une directive en 2019 prévoyant qu’un appareil mobile soit autorisé uniquement pour des raisons médicales, éducatives ou pour des besoins personnels particuliers. Nous encourageons les conseils scolaires à aller encore plus loin, assure aujourd’hui le ministre.

Une motion au conseil scolaire de Toronto

La présidente du conseil d’administration du TDSB, Rachel Chernos Lin, a présenté une motion pour mettre à jour la politique du conseil scolaire. Elle estime que les règles actuelles sont difficiles à appliquer et peuvent varier selon l'établissement.

En entrevue à Metro Morning, la matinale de CBC, Rachel Chernos Lin a mis l'accent sur des études qui documentent le mal-être lié aux téléphones cellulaires dans les écoles. Elle ajoute que la quantité d’équipement dont disposent les écoles a changé avec les années.

On avait l'impression que les enfants avaient besoin d’un appareil, car il n’y en avait pas pour tous les élèves. Il y avait un manque d’équité socio-économique. Le TDSB a maintenant un programme qui prévoit un appareil par élève. [...] Ce peut être un bon moment pour faire le point et regarder cela différemment.

Rachel Chernos Lin, présidente du Toronto District School Board

Si la motion est adoptée, cette future politique devra explorer d’éventuelles restrictions des réseaux sociaux.

Les interrogations d'enseignants

Rachel Chernos Lin dit relayer des commentaires d'enseignants, mais certaines voix demeurent circonspectes.

Jason Bradshaw, enseignant de sciences à l’école secondaire Castlebrooke de Brampton, qui relève du conseil scolaire de Peel, ne pense pas qu’une interdiction pure et simple soit bénéfique. Ce n’est pas juste une distraction, mais aussi un outil, relève-t-il.

Nous encourageons les élèves à utiliser les technologies pour collecter des données, mener des recherches. C’est une question d’équilibre et de limites appropriées.

Jason Bradshaw, enseignant en sciences à l'école secondaire Castlebrooke

Selon lui, les enseignants doivent avoir le soutien de l’administration dans les locaux pour interdire ces appareils au cours de certaines activités et donc avoir plus d’autorité dans ces situations.

Les ordinateurs et les téléphones intelligents font partie de notre vie, plaide-t-il. Il préfère l’éducation à l'usage à l'interdiction pure et simple.

Joel Westheimer, titulaire de la chaire de recherche en démocratie et éducation à l'Université d'Ottawa, affirme que l'interdiction des téléphones ne serait réellement efficace que si les écoles cherchaient à reproduire un sentiment de communauté sans recourir à la technologie.

Les écoles ne peuvent pas simplement interdire les téléphones portables sans réfléchir aux façons dont les élèves utilisent les médias sociaux et les téléphones intelligents pour être en contact les uns avec les autres. Il faut donc remplacer cela par quelque chose d'autre, estime-t-il.

Le conseil d’administration du TDSB se réunira le 17 janvier pour débattre de la motion.

Avec les informations de CBC